Emmanuel Macron avance ses pions. À quelques jours de la conférence internationale sur le Proche-Orient qu’il coprésidera avec l’Arabie Saoudite le 18 juin à l’ONU, le président français ne tranche toujours pas sur la reconnaissance d’un État palestinien. Vendredi, lors d’un forum parisien consacré à la solution à deux États, il a durci le ton. Mais sans annoncer de décision.
La prudence est de mise. Depuis plusieurs mois, la France pèse chaque mot. Si Macron avait laissé entendre dès février 2024 que cette reconnaissance n’était « pas un tabou », il en conditionne désormais l’éventualité à des garanties politiques. Au premier rang : la démilitarisation du Hamas et sa mise à l’écart de toute gouvernance future, mais aussi un cadre de reconnaissance réciproque entre Israël et plusieurs pays arabes.
Pressions régionales, prudence stratégique
Le contexte régional reste explosif. Après les frappes israéliennes en Iran, Paris a lancé un appel à la retenue. Les diplomates français tentent de contenir les tensions et de poser les bases d’un processus crédible, alors que les divisions persistent au sein de l’Union européenne. L’Allemagne, notamment, s’oppose à toute reconnaissance jugée prématurée.
Face aux démarches unilatérales de l’Espagne et de l’Irlande, Paris cherche à fédérer un bloc euro-arabe. Les contacts s’intensifient avec l’Égypte, la Jordanie et l’Arabie Saoudite. Objectif : poser les jalons d’un cadre politique post-Gaza, en phase avec les réalités du terrain.
Un pari diplomatique risqué
Récemment, Mahmoud Abbas a adressé à Emmanuel Macron un engagement écrit. Il y condamne les attaques du 7 octobre 2023 et affiche sa volonté de désarmer le Hamas. Un geste jugé inédit par l’Élysée. Mais suffira-t-il à faire basculer Paris ?
En mai, une déclaration commune avec Londres et Ottawa avait renforcé l’idée d’un front favorable à la reconnaissance. Mais aucun calendrier n’a été fixé. Et côté israélien, l’opposition est vive : la diplomatie de Netanyahu accuse la France de mener une « croisade » contre l’État hébreu.
Un équilibre fragile à New York
Tous les regards se tournent désormais vers New York. La conférence du 18 juin pourrait marquer un tournant, ou au contraire entériner un statu quo de plus. L’attitude du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, y sera scrutée de près. Son ouverture à une future reconnaissance d’Israël pourrait faire bouger les lignes.
En attendant, Emmanuel Macron joue la montre. Entre prudence diplomatique et pression croissante, il avance à pas comptés sur un terrain où chaque mot engage bien plus qu’une position.